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1o D’un défaut d’approvisionnement ;

2o D’une demande graduellement croissante, qui peut à la longue occasionner une augmentation des frais de production ;

3o D’une baisse dans la valeur de la monnaie ;

4o Des impôts sur les objets de première nécessité.

Ceux qui ont cherché à connaître l’influence de la cherté des objets de première nécessité sur les salaires, n’ont pas su distinguer suffisamment ces quatre causes les unes des autres : nous allons les examiner successivement.

Une mauvaise récolte fera renchérir les denrées alimentaires, et leur cherté est la seule chose qui puisse proportionner la consommation à l’approvisionnement. Si tous les acheteurs de blé étaient riches, le prix du blé pourrait hausser indéfiniment ; mais le résultat subsisterait, et le blé deviendrait à la fin si cher, que les personnes qui seraient moins riches se verraient dans la nécessité d’en retrancher de leur consommation ordinaire une certaine partie ; car il n’y aurait aucun autre moyen de faire descendre la demande au niveau de l’approvisionnement, que de diminuer la consommation. Dans de telles circonstances, rien n’est plus absurde que de vouloir, par des moyens violents, régler le prix en argent des salaires sur celui des subsistances, ainsi que cela se pratique souvent par une fausse application des lois concernant les pauvres. De pareils règlements n’améliorent en rien la condition des masses, car leur effet est de faire hausser encore davantage le prix du blé, et l’ouvrier est enfin obligé de réduire sa consommation au niveau de l’approvisionnement diminué. Dans le cours naturel des choses, une disette produite par de mauvaises récoltes n’occasionnerait pas de hausse dans les salaires, si on ne la provoquait par d’aussi pernicieux règlements. La hausse des salaires n’est que nominale pour celui qui les reçoit ; elle augmente la concurrence entre les vendeurs de blé, et, en dernier résultat, elle ne fait qu’élever les profits des cultivateurs et des marchands de blé. Le salaire du travailleur ne se règle, en effet, que par la proportion qui existe entre l’approvisionnement et la demande des choses de première nécessité, et l’offre et la demande de bras, — la monnaie n’étant que le moyen ou la mesure qui sert à exprimer la valeur de ce salaire. Dans le cas posé, la détresse du travailleur est inévitable, et aucun gouvernement ne peut y remédier autrement que par l’importation d’une plus grande somme de subsistances.

Quand la cherté du blé est due à une plus forte demande, elle est toujours précédée par la hausse des salaires ; car la demande