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faisant baisser les profits, est un impôt inégal, en ce qu’il atteint le revenu du fermier, du marchand et du manufacturier, sans frapper le revenu du propriétaire foncier, celui du capitaliste, ni celui des personnes qui ont un revenu fixe ;

2o Entre la hausse du prix du blé et la hausse des salaires, il se passera un intervalle considérable pendant lequel l’ouvrier sera exposé à une grande gêne[1] ;

3o Tout ce qui fait hausser les salaires et baisser les profits décourage l’accumulation, et agit d’une manière semblable à la mauvaise qualité naturelle du sol ;

4o En faisant hausser le prix des produits de la terre, l’impôt fera renchérir de même toutes les marchandises dans la composition desquelles ils entrent, et par conséquent on ne pourra plus soutenir la concurrence avec les produits de l’industrie étrangère sur le marché général du monde.

Quant à la première objection, que cet impôt, en faisant hausser le prix de la main-d’œuvre et en faisant baisser les profits, est un impôt inégal, en ce qu’il atteint le revenu du fermier, du marchand et du manufacturier sans frapper le revenu du propriétaire foncier, celui du capitaliste, ni celui des personnes qui ont un revenu fixe : on peut répondre que si l’impôt est inégalement assis, c’est au gouvernement à faire disparaître cette inégalité en imposant directement les profits des fonds de terre, les rentes sur l’État, et les intérêts des capitaux placés. Par là on obtiendrait tous les effets d’un impôt sur le revenu, sans l’inconvénient d’avoir recours à l’expédient odieux d’aller fouiller dans les affaires de chacun, et d’investir des préposés de pouvoirs qui répugnent aux mœurs et aux sentiments d’un peuple libre.

Quant à la seconde objection, qu’il se passerait un intervalle considérable entre la hausse du prix du blé et la hausse des salaires, intervalle pendant lequel les classes inférieures se trouveraient dans un état de grande gêne : je réponds que, dans des circonstances différentes, les salaires suivent le prix des produits agricoles avec des degrés très-différents de célérité[2]. Quelquefois la hausse du blé n’a aucun

  1. Ce phénomène des transitions douloureuses que réserve aux ouvriers notre système industriel, est peut-être le plus grand problème de l’économie politique actuelle. Nous en avons étudié l’importance et la menaçante gravité dans l’Introduction. A. F.
  2. Ce sont précisément ces degrés très-différents de célérité, qui sollicitent