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augmenter le prix du blé, par rapport à celui des autres denrées, dans un degré proportionné à l’impôt. Et selon qu’il entre plus ou moins de matières premières dans la composition des autres marchandises, la valeur de ces dernières haussera aussi, à moins que les effets de l’impôt ne soient contre-balancés par d’autres causes. Ces marchandises se trouveraient en effet frappées d’un impôt indirect, et leur valeur hausserait à proportion de l’impôt.

Un impôt sur les produits agricoles et sur les objets de première nécessité pour l’ouvrier aurait encore un autre effet, celui de faire hausser les salaires. Par une suite des causes qui règlent la population et qui augmentent l’espèce humaine, les salaires les plus faibles ne se maintiennent jamais beaucoup au-dessus du taux que la nature et l’habitude exigent pour l’entretien des ouvriers. Cette classe d’hommes ne peut jamais supporter aucune portion considérable de l’impôt ; et par conséquent, si elle était tenue de payer 8 schellings de plus par quarter de blé, et un peu moins à proportion pour les autres denrées, elle ne pourrait pas subsister au moyen des anciens salaires. Les salaires doivent donc nécessairement hausser ; et à mesure qu’ils haussent, les profits devront baisser. Le gouvernement percevrait un impôt de 8 sh. par quarter sur tout le blé consommé dans le pays, et une partie de cet impôt serait payée directement par les consommateurs de blé ; l’autre, payée indirectement par les personnes qui emploient des ouvriers, influerait sur les profits de la même manière que si les salaires eussent haussé par la demande plus forte d’ouvriers comparée à l’offre, ou si cette hausse eût été causée par une difficulté croissante d’obtenir la nourriture et les objets nécessaires à l’entretien des travailleurs.

En tant que l’impôt frappe les consommateurs, c’est un impôt égal ; mais il est inégal en tant qu’il affecte les profits, puisqu’il ne pèse ni sur le propriétaire foncier, qui continue à recevoir les mêmes rentes en argent, ni sur le capitaliste, qui retire les mêmes intérêts de son capital. Un impôt sur le produit de la terre opérera donc de la manière suivante :

1o Il fera hausser le prix des produits de la terre d’une somme égale à celle de l’impôt, et devra par conséquent tomber sur chaque consommateur en proportion de sa consommation ;

2o Un tel impôt devra augmenter le prix de la main-d’œuvre, et faire baisser les profits.

On peut donc faire contre cet impôt les objections suivantes :

1o Cet impôt, en faisant hausser le prix de la main-d’œuvre, et en