Page:Ricardo - Œuvres complètes, Collection des principaux économistes,13.djvu/176

Cette page a été validée par deux contributeurs.

reproduction annuelle décroît, les ressources du peuple et de l’État déclineront avec une rapidité toujours croissante, et la misère, la ruine en seront les suites inévitables.

Malgré l’énorme dépense que le gouvernement anglais a faite pendant les vingt dernières années, il paraît certain que cette déperdition de richesse a été plus que compensée par l’aug­men­tation de la production nationale. Non-seulement le capital national est resté intact, mais encore il s’est accru de beaucoup, et le revenu annuel du peuple, même après avoir payé les impôts, est peut-être plus considérable actuellement qu’il ne l’a jamais été à aucune époque antérieure de notre histoire.

Pour preuve de cela, nous pourrions citer l’accroissement de la population, l’extension de l’agriculture, l’augmentation de la marine marchande et des manufactures, la construction de nos docks, l’ouverture de nouveaux canaux, ainsi qu’une grande quantité d’autres entreprises dispendieuses, qui prouvent toutes l’augmentation du capital national et de la production annuelle.

Et cependant, il faut reconnaître que sans les prélèvements de l’impôt cet accroissement de richesse eût été bien plus rapide. Il est peu de taxes qui n’aient une tendance à diminuer la puissance d’accumulation inhérente aux capitaux. Tout impôt doit nécessairement atteindre le capital ou le revenu. S’il frappe le capital, il diminue proportionnellement le fonds dont l’im­por­tance règle le développement que peut recevoir l’industrie d’un pays. S’il atteint le revenu il affaiblit l’accumulation ou force les contribuables à combler, par l’épargne, le vide que fait l’État dans leurs ressources ; et la consommation improductive des objets de luxe, d’agrément ou même de première nécessité diminuera dans le pays. Certaines taxes, plus que d’autres, sont de nature à produire cet effet ; mais les maux qui résultent d’impôts exagérés, se révèlent moins par tels ou tels désordres partiels que par l’influence qu’ils exercent sur l’ensemble de la fortune publique.

L’impôt n’atteint pas nécessairement le capital, par cela seul qu’il est assis sur les ca­pitaux, ni ne porte sur le revenu parce qu’il est assis sur le revenu. Si l’on me fait payer 100 liv. sur un revenu annuel de 1,000 liv., ce sera en effet un impôt sur le revenu si je consens à ne dépenser que les 900 liv. qui me restent ; mais ce sera un impôt sur le capital si je continue à dépenser 1,000 liv.

Le capital, duquel je retire ce revenu de 1,000 liv., peut valoir 10,000 liv. Un impôt de 1 pour cent sur ce capital rapporterait