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Ce que je viens de dire du commerce extérieur s’applique également au commerce intérieur. Le taux des profits n’augmente jamais par une meilleure distribution du travail, ni par l’invention des machines, l’établissement des routes et des canaux, ou par tout autre moyen d’abréger le travail, soit dans la fabrication, soit dans le transport des marchandises. Toutes ces causes influent sur les prix, et sont toujours très-avantageuses au consommateur, à qui elles permettent de se procurer avec le même travail, ou avec le même produit, une plus grande quantité de la denrée dont la production a été facilitée par ses perfectionnement ; mais elles n’exercent aucune influence sur les profits. D’un autre côté, toute diminution dans les salaires des ouvriers accroît les profits, mais ne produit aucun effet sur le prix des choses. L’un est avantageux pour tous les membres de la société, car tous sont des consommateurs ; l’autre n’est utile qu’aux producteurs, qui seuls gagnent davantage, tandis que rien ne change de prix. Dans le premier cas, ils reçoivent autant que par le passé ; mais tout ce qu’ils consomment a diminué de valeur échangeable.

Cependant le même principe qui règle la valeur relative des choses dans un pays, ne règle pas celle des articles échangés entre deux ou plusieurs pays.

Dans un système d’entière liberté de commerce, chaque pays consacre son capital et son industrie à tel emploi qui lui paraît le plus utile. Les vues de l’intérêt individuel s’accordent parfaitement avec le bien universel de toute la société. C’est ainsi qu’en encourageant l’industrie, en récompensant le talent, et en tirant tout le parti possible des bienfaits de la nature, on parvient à une meilleure distribution et à plus d’économie dans le travail. En même temps l’accroissement de la masse générale des produits répand partout le bien-être ; l’échange lie entre elles toutes les nations du monde civilisé par les nœuds communs de l’intérêt, par des relations amicales, et en fait une seule et grande société. C’est ce principe qui veut qu’on fasse du vin en France et en Portugal, qu’on cultive du blé en Pologne et aux États-Unis, et qu’on fasse de la quincaillerie et d’autres articles en Angleterre.

Dans un même pays, les profits sont en général toujours au même niveau, ou ne diffèrent qu’en raison de ce que le capital peut être consacré à un emploi plus ou moins sûr et agréable. Il n’en est pas de même d’un pays à l’autre. Si les profits des capitaux employés dans le Yorkshire surpassaient ceux des capitaux employés à Londres, les fonds passeraient bien vite de Londres dans le Yorkshire, et les