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pital lui rapporterait alors 40 au lieu de 20 pour cent. Mais si, en raison du bas prix de tous les articles auxquels lui, ainsi que les autres consommateurs, employaient tout leur revenu, ils peuvent épargner 200 l. sur chaque 1,000 l. de leur dépense antérieure, ils augmenteront la richesse réelle du pays. Dans l’un des deux cas, l’épargne viendrait de l’augmentation du revenu ; dans l’autre, de la diminution de la dépense.

Si l’introduction des machines opérait une baisse de 30 pour cent dans la valeur de toutes les marchandises auxquelles mon revenu est employé, j’épargnerais autant que si mon revenu s’était accru de 20 pour cent ; mais, dans l’un de ces cas, le taux des profits serait resté stationnaire ; et, dans l’autre, il aurait haussé de 20 pour cent.

Si, par l’introduction de marchandises étrangères à bas prix, je puis épargner 20 pour cent sur ma dépense, le résultat sera précisément le même que si les frais de production eussent été diminués au moyen des machines ; mais le taux des profits ne haussera pas.

Ce n’est donc point en raison de l’étendue du débouché que le taux des profits augmente, quoique cette extension augmente la masse de nos produits, et nous donne le moyen d’augmenter les fonds destinés à payer le travail industriel, et à multiplier les matières premières susceptibles d’être travaillées. Il importe tout autant au bonheur des hommes d’augmenter leurs jouissances par une meilleure distribution de travail, que de parvenir au même but par un accroissement dans le taux des profits, et cette distribution est toujours meilleure lorsque chaque pays produit les choses qui s’accordent le mieux avec son climat, sa situation et ses autres avantages naturels ou artificiels, et lorsqu’il les échange pour les marchandises des autres pays.

Dans tout le cours de cet ouvrage, j’ai cherché à prouver que le taux des profits ne peut jamais hausser qu’en raison d’une baisse des salaires[1], et que cette baisse ne peut être permanente qu’autant qu’il y aura une diminution dans le prix des denrées que l’ouvrier achète avec ses gages. Si, par l’accroissement du commerce étranger, ou par des perfectionnements dans les machines, on peut fournir aux travailleurs la nourriture et les autres objets de première nécessité à plus bas prix, les profits hausseront. Si, au lieu de récolter du blé chez nous, et de fabriquer nous-mêmes l’habillement

  1. Loi fatale, et que j’ai réfutée au chapitre des Salaires. A. F.