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Si une plus forte portion du produit du sol et de l’industrie de l’Angleterre est employée à l’achat des marchandises étrangères, on ne pourra pas en dépenser autant à d’autres objets, et par conséquent la demande de chapeaux, de souliers, etc., diminuera ; mais en même temps qu’on aura détourné des capitaux de la fabrication des chapeaux, des souliers, etc., on en aura versé davantage dans les manufactures qui fabriquent les articles avec lesquels on achète les marchandises étrangères. Ainsi donc, la demande des produits étrangers et nationaux réunis est, quant à la valeur, bornée par le revenu et par le capital de la nation. Si l’un augmente, l’autre doit diminuer. Si la quantité des vins qu’on importe en échange de la même quantité de marchandises anglaises est doublée, la nation anglaise pourra, ou consommer deux fois plus de vin, ou la même quantité de vin jointe à plus de marchandises nationales. Si, ayant 1,000 l. de revenu, j’achète tous les ans une pipe de vin au prix de 100 l., et que j’emploie 900 l. à l’achat d’une certaine quantité d’articles du pays, lorsque la pipe de vin ne coûtera que 50 l., je pourrai employer les 50 l. épargnées à acheter plus de produits anglais. Si j’achetais plus de vin, et que tout consommateur en fit autant, le commerce extérieur n’éprouverait aucun changement ; on exporterait la même quantité de produits anglais pour les échanger contre du vin, dont nous recevrions une double quantité, sans cependant en recevoir une valeur double. Mais si les autres consommateurs de vin et moi-même nous nous contentions de la même quantité de vin que par le passé, les exportations de l’Angleterre diminueraient, les buveurs de vin ayant à leur choix de consommer les produits que l’on exportait auparavant, ou ceux qui leur conviendraient davantage. Le capital nécessaire à leur production serait fourni par celui qu’on détournerait du commerce étranger.

Le capital s’accroît de deux manières : par l’augmentation du revenu, ou par l’affaiblissement de la consommation. Si mes profits s’élèvent de 1,000 l, à 1,200, pendant que ma dépense reste la même, j’amasse 200 l. par an de plus que je ne le faisais auparavant ; si j’épargne 200 l. sur ma dépense pendant que mes profits sont les mêmes, j’obtiens le même résultat, et j’ajoute 200 l. par an à mon capital. Le négociant qui importait du vin alors que les profits s’étaient élevés de 20 à 40 pour cent, au lieu de payer ses marchandises anglaises 1,000 l., n’en donnera que 857 l. 2 s. 10 d., et vendra cependant toujours le vin importé 1,200 l. ; ou bien, s’il payait les marchandises anglaises 1,000 l., il faudrait qu’il vendit son vin 1,400 l. : son ca-