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CHAPITRE VII.

DU COMMERCE EXTÉRIEUR.


Le commerce extérieur, quelle que soit son importance, ne saurait augmenter tout à coup les valeurs nationales, quoiqu’il contribue puissamment à accroître la masse des choses utiles, et par conséquent celle des jouissances. Comme la valeur de toute marchandise étrangère ne s’estime que par la quantité des produits de notre sol et de notre industrie que nous donnons en échange, lors même qu’en échange d’une quantité donnée de nos marchandises nous obtiendrions, dans les marchés nouvellement ouverts, le double en marchandises étrangères, nous ne recevrions cependant pas une valeur plus considérable. Si, par l’emploi d’une valeur de 1,000 l. st. en marchandises anglaises, un négociant peut obtenir en retour des marchandises étrangères qui rapportent, en Angleterre, 1,200 l., il gagnera 20 pour cent par cet emploi de capital ; mais ni son bénéfice, ni la valeur des marchandises importées n’augmenteront ou ne diminueront par le retour plus ou moins fort en marchandises étrangères. Qu’il importe vingt-cinq ou cinquante pipes de vin, ses intérêts n’en souffriront nullement, si à deux époques différentes les vingt-cinq, comme les cinquante pipes, lui rapportent également 1,200 l. Dans l’un comme dans l’autre cas, il aura un bénéfice de 200 l., ou de 20 pour cent sur son capital, et une valeur égale aura été importée en Angleterre. S’il tire plus de 1,200 l. de ses cinquante pipes, ce marchand fera un profit supérieur au taux général, et un commerce aussi lucratif attirerait bientôt les capitaux, jusqu’à ce que la baisse dans le prix du vin eût tout ramené à l’ancien niveau.

On a néanmoins prétendu que les gros bénéfices que retirent certains négociants du commerce étranger, font hausser le taux général des profits dans le pays, et que les capitaux que l’on détourne