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tenu compte du renchérissement des choses nécessaires, autres que les subsistances. Ce renchérissement, suite de l’augmentation dans la valeur des matières premières dont ces articles sont fabriqués, ferait encore baisser les profits, en faisant hausser davantage les salaires.

J’ai déjà dit que longtemps avant que cet état des prix soit devenu permanent, il n’y aurait plus de motif pour accumuler ; car on n’accumule qu’en vue de rendre cette accumulation productive ; et ce n’est que lorsqu’elle est ainsi employée qu’elle a un effet sur les profits. Il ne saurait y avoir d’accumulation sans motif, et par conséquent un tel état des prix ne peut jamais persister. Il est aussi impossible au fermier et au manufacturier de vivre sans profits, qu’à l’ouvrier d’exister sans salaires. Le motif qui les porte à accumuler diminuera à chaque diminution des profits, et il cessera entièrement quand ils seront tellement minimes qu’ils ne leur offriront plus un dédommagement suffisant de leur peine, et du risque qu’ils courent nécessairement en employant leur capital d’une manière productive.

Je dois aussi avertir que le taux des profits devra baisser encore plus rapidement que je ne l’ai estimé dans mon calcul ; car la valeur des produits étant telle que je l’ai supposée, celle du capital du fermier augmentera de beaucoup, puisque ce capital se compose en grande partie des choses nécessaires qui ont haussé de valeur. Avant que le blé ait pu hausser de 4 l. à 12 l., le fermier aura probablement doublé la valeur échangeable de son capital qui vaudrait 6,000 l. au lieu de 3,000 l. Et si son profit était de 180 l. ou de 6 pour cent sur son capital primitif, les profits ne se trouveraient alors réellement qu’à un taux de 3 pour cent ; car 6,000 l. à 3 pour cent rendent 180 l. ; et c’est à ces seules conditions qu’un nouveau fermier possédant 6,000 l. pourrait et voudrait entreprendre la culture des terres.

Plusieurs autres branches d’industrie tireraient de la même source un avantage plus ou moins grand. Le brasseur, le distillateur, le fabricant de draps et celui de toiles, trouveraient une compensation d’une partie de la diminution de leurs profits dans l’augmentation de la valeur de leur capital en matières premières et en articles ouvragés ; mais le fabricant de quincailleries, de joailleries, et beaucoup d’autres, ainsi que ceux dont le capital serait en argent, verraient diminuer les profits sans aucune compensation.

On serait aussi porté à croire que, quelle que soit la diminution des profits du capital occasionnée par l’accumulation des capitaux