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Mais le taux des profits doit baisser encore davantage ; car le capital du fermier, comme nous l’avons dit, se compose principalement de matières brutes, telles que ses meules de blé et de foin, son blé et son orge en gerbes, ses chevaux et ses vaches, qui doivent tous hausser de prix par le renchérissement des produits. Son produit absolu tombera de 480 l. à 445 l. 15 s. Mais si, d’après les causes que je viens d’exposer, son capital augmentait de 3,000 l. à 3,200 l., le taux de ses profits, le blé étant à 5 1. 2 s. 10 d., serait au-dessous de 14 pour cent.

Si un manufacturier employait de même 3,000 l. sur sa fabrique, il serait forcé, par la hausse des salaires, d’augmenter son capital pour pouvoir être à même de continuer son commerce. Si sa marchandise se vendait auparavant 720 l., elle continuerait à rapporter le même prix ; mais les salaires du travail, qui montaient d’abord à 240 l., hausseront, quand le blé sera à 5 l. 2 s. 10 d., à 274 l. 5 s. Dans le premier cas, il aurait un profit de 480 l. sur 3,000 l. ; dans le second, ce bénéfice ne monterait qu’à 445 l. 15 s. sur un capital augmenté, et par conséquent ses profits se rapprocheraient du changement survenu dans ceux du fermier.

Il est peu de denrées qui ne changent plus ou moins de prix par la hausse des matières premières, parce qu’il entre dans la composition de la plupart des marchandises une certaine portion des produits bruts du sol. Les étoffes de coton, les toiles et les draps, haussent tous de prix par la cherté du blé ; mais ils renchérissent en raison de la plus grande quantité de travail employé à la production des matières premières dont ils sont fabriqués, et non en raison de ce que le manufacturier a payé plus cher les ouvriers employés à la fabrication de ces étoffes.

Les marchandises haussent toujours parce qu’il faut plus de travail pour leur production, et jamais en raison de la cherté du travail qu’elles exigent. Les ouvrages de bijouterie, de fer, d’argenterie et de cuivre, n’éprouveront pas de hausse, attendu qu’il n’entre dans leur composition aucun produit brut provenant de la culture de la terre.

On dira peut-être que j’ai posé en principe que les salaires en argent doivent hausser par la cherté des produits bruts du sol, sans qu’il y ait là une conséquence nécessaire ; car l’ouvrier peut se contenter d’une moindre aisance. Il faut convenir que les salaires peuvent arriver d’abord à un taux élevé, pour subir ensuite quelque diminution. Dans ce cas, il n’y aura pas réduction des