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Quelles qu’aient été les causes qui l’ont produit, il est certain que l’effet a été si lent, si graduel, qu’on a éprouvé bien peu d’incon-

    été toujours plus considérables à mesure que les mines se sont approfondies. Mais tandis que les frais augmentaient, la masse de l’approvisionnement augmentait aussi, et même surpassait les progrès que la demande faisait de son côté. La cour d’Espagne dès lors était forcée d’abaisser les droits qui représentent une part des profits fonciers ; et les propriétaires-exploitateurs voyaient diminuer l’autre part qui forme leur revenu.
    Il faut donc toujours en revenir à cet unique régulateur des prix : la proportion entre l’offre et la demande ; ce qu’il faut chercher, c’est ce qui change les quantités offertes ou demandées : parce que cela seul influe sur les prix. Les profits eux-mêmes, fût-ce ceux du fonds, sont soumis à cette loi comme tout le reste, et varient selon les circonstances qui font varier la quantité offerte ou demandée du service de ces mêmes fonds.

    Si l’abondance d’un profit ne suffisait pas pour abaisser sa valeur ; si la seule diminution du travail que nécessite sa production pouvait occasionner cet effet, l’argent vaudrait autant qu’avant la découverte de l’Amérique ; on ne donnerait pas, comme on fait à présent, quatre onces d’argent environ pour avoir un setier de blé ; on ne donnerait qu’une once, comme au quinzième siècle, ou très-peu plus ; car il n’est pas probable que les seuls progrès dans l’art d’exploiter aient fait tirer quatre onces avec le même travail qui n’en procurait qu’une seule.

    Il me semble que je peux répéter ici ce que j’ai dit à l’occasion du profit ou fermage des terres. Le propriétaire, comme tout propriétaire foncier, exerce une espèce de monopole qui lui permet de soutenir la valeur de son produit au delà des frais de main-d’œuvre et des intérêts de capitaux nécessaires pour le terminer et le mener sur le marché. Ce prix-monopole baisse par la concurrence, mais ne saurait, je crois tomber à rien ; car si le propriétaire des mines ne pouvait plus tirer aucun loyer de ses mines ; ou, ce qui est la même chose, s’il ne faisait plus, en exploitant, aucun profit par-delà la réintégration et l’intérêt de ses capitaux, il ne les affermerait, ni ne les exploiterait ; ce qui réduirait la quantité offerte de ce genre de produit, et le ferait monter jusqu’à ce qu’il offrît de nouveau un profit purement foncier, et susceptible d’être affermé.

    Cependant il faut convenir, à l’appui de l’opinion de M. Ricardo, que les vastes capitaux engagés dans l’exploitation des mines sont un motif de les travailler même après qu’elles ne rapportent autre chose que l’intérêt de ces mêmes capitaux, même lorsqu’elles rapportent moins que l’intérêt de leurs capitaux ; car des capitaux engagés à ce point, et qui ne peuvent se consacrer à aucun autre emploi sans perdre la majeure partie de leur valeur, contractent le désavantage du fonds : on continue à les faire travailler, quoiqu’ils rapportent moins que tout autre placement, afin de ne pas perdre même le peu qu’ils rapportent. Je les assimile complètement au fonds de terre ou à la mine, et je dis que du moment qu’ils ne rapportent plus rien, on les abandonne ; mais qu’aussi longtemps qu’ils rapportent quelque chose, il y a un profit foncier pour le propriétaire.

    Les métaux précieux servant à la fois pour fabriquer des monnaies et pour fabriquer des objets d’utilité et de luxe, doivent être plus recherchés à mesure que