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l’agriculture, les dernières portions qui y auraient été consacrées, donneraient plus de profit, et les rentes baisseraient. Toute réduction considérable dans le capital national, qui diminuerait d’une manière sensible les fonds destinés à payer le travail, aurait naturellement le même effet. La population se proportionne toujours au capital destiné à payer le travail, et, par conséquent, doit s’accroître ou diminuer selon que ce capital augmente ou diminue. Toute réduction dans le capital est donc nécessairement suivie d’une moindre demande de blé, d’une baisse de prix, et d’une diminution de culture. La diminution des capitaux abaisse ainsi la rente par une influence contraire à celle de leur accumulation. Les terrains les moins productifs seront successivement abandonnés, la valeur échangeable de leurs produits tombera, et on ne cultivera en dernier lieu que les terrains les plus fertiles, qui alors ne paieront plus de rentes.

Le même résultat aurait encore lieu dans le cas où l’accroissement de richesse et de population dans un pays serait accompagné de si grandes améliorations dans l’agriculture, qu’il n’y eût plus besoin de cultiver des terrains d’une qualité inférieure, ou de dépenser autant de capital à la culture des terrains plus fertiles.

Supposons qu’une population donnée ait besoin pour sa nourriture d’un million de quarters de blé, qu’on récolte sur des terrains des qualités nos 1, 2, 3. Si l’on vient à découvrir un moyen perfectionné par lequel les terrains nos 1 et 2 suffisent pour donner la quantité requise sans avoir recours au no 3, il est clair que dès lors il y aura baisse de la rente ; car c’est le no 2 au lieu du no 3 qui sera alors cultivé sans payer de rente et celle du no 1, au lieu d’être la différence entre le produit du no 3 et du no 1, ne représentera plus que la différence entre les nos2 et 1. La population restant la même, il ne saurait y avoir de demande pour une quantité plus forte de blé ; le capital et le travail employés jadis à la culture du no 3 seront consacrés à la production d’autres objets utiles à la société, et ne contribueraient à la hausse de la rente que dans le cas où les matières premières qui entrent dans leur composition ne pourraient s’acquérir que par un emploi moins avantageux du capital consacré à l’agriculture. Or, dans ce cas, on reprendrait la culture du no 3.

Il est hors de doute que la baisse du prix relatif des produits naturels par suite d’améliorations agricoles ou d’une économie dans la production, doit naturellement conduire à une plus forte accumulation ; car les profits du capital doivent s’être accrus de beaucoup.