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La hausse des rentes est toujours l’effet de l’accroissement de la richesse nationale, et de la difficulté de se procurer des subsistances

    toutes les manières dont un capital peut être employé, c’est sans comparaison la plus avantageuse à la société. » Livre II, chap. 5.

    La nature ne fait-elle donc rien pour l’homme dans les manufactures ? N’est-ce rien que la puissance du vent et de l’eau qui font aller nos machines, et qui aident à la navigation ? La pression de l’atmosphère et l’élasticité de la vapeur de l’eau, au moyen desquelles nous donnons le mouvement aux machines les plus étonnantes, ne sont-elles pas des dons de la nature ? Pour ne rien dire des effets du calorique qui ramollit et fond les métaux, ni de la décomposition de l’air dans les procédés de la teinture et de la fermentation, il n’existe pas une seule espèce de manufacture dans, laquelle la nature ne prête son aide à l’homme, et elle le fait toujours avec libéralité et gratuitement1.

    M. Buchanan fait sur le passage d’Adam Smith, que nous avons transcrit, la remarque suivante : « J’ai essayé de montrer, dans mes observations sur le travail productif et improductif renfermées dans le quatrième volume, que l’agriculture n’augmente pas plus le capital national que tout autre genre d’industrie. Smith, en regardant la portion de la production territoriale qui représente le profit du fonds de terre, comme si avantageuse à la société, n’a pas réfléchi que la rente n’est que l’effet de la cherté, et que ce que le propriétaire gagne de cette manière, il ne le gagne qu’aux dépens du consommateur. La société ne gagne rien par la reproduction du profit des terres ; c’est une classe qui profite aux dépens des autres. S’imaginer que l’agriculture donne un produit net, parce que la nature concourt avec l’industrie des hommes aux opérations de la culture, et qu’il en résulte une rente, c’est une rêverie. Ce n’est pas du produit que naît la rente, mais bien du prix auquel le produit est vendu ; et ce prix on l’obtient, non parce que la nature a aidé à la production, mais parce que, seul, il fait concorder l’offre avec la demande » (Note de l’Auteur.)

    On ne saurait disconvenir à la suite de ces deux estimables écrivains, de M. Buchanan, compatriote d’Adam Smith et qui soutient si bien l’honneur de la célèbre école d’Edimbourg, et de M. David Ricardo, qui a développé avec tant de sagacité les lois de la dépréciation du papier-monnaie ; on ne saurait disconvenir, dis-je, que le propriétaire foncier n’ajoute personnellement rien à l’utilité annuellement produite dans un pays. Si donc les circonstances du pays établissent, pour les produits agricoles, une demande telle que leur valeur vénale excède les autres avances, de manière à former un revenu pour le propriétaire foncier, il faut convenir que cet excédant est une portion de richesse tirée de la poche des consommateurs, pour être mise, sans équivalent de leur part, dans la poche des propriétaires fonciers. On eu peut dire autant du capitaliste qui fait valoir son capital Cependant s’il est impossible, comme il est prouvé dans mon Traité d’Économie politique (liv. I), que la production ait lieu, non-seulement sans fonds de terre