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Quel spectacle étonnant présentait cette assemblée ! Des misérables de toutes les nations, également outragés par la fortune, jadis ennemis, noyaient dans le vin fraternel leur vieille haine et leurs douleurs. Le vieillard rayonnait de joie. Des coupes furent vidées à l’honneur des grands hommes, bienfaiteurs de l’humanité ; on fit des vœux pour la liberté des peuples ; pour les prêtres indulgens, consolateurs et pacifiques ; pour la chute des prêtres intolérans et persécuteurs.

Florestan ne répétait point ces mots sacriléges ; le moine les redisait, au contraire, avec enthousiasme, mais pendant qu’il les redisait, il s’emparait d’un grand coutelas et le cachait dans sa manche, comme fit depuis le bienheureux Clément ; ensuite, il le glissa sur sa cuisse droite, comme avait fait le divin Aod, chef du peuple de Dieu.

Florestan ne répétant point le vœu