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nant vers l’hospice, à l’heure où la nuit tombait de la nue, il passa devant les catacombes, où dormaient les générations éteintes : de longs soupirs sortaient de ce séjour des morts. Rempli de funestes pensées, poursuivi par sa noire rêverie, Florestan crut entendre les gémissemens de ses victimes : il vit la terre couverte d’ossemens, et son imagination lui fit voir ces ossemens se réunir et se lever ; les tombes enfanter des cadavres ; les morts retrouver la parole ; et, debout sur la terre sépulcrale, lui demander compte de leur sang. — Ah ! grand Dieu, s’écria-t-il, délivre-moi de ces spectres livides ; défends à la mort de tourmenter les vivans ! Une voix se fit entendre. — Le ciel permet aux mânes de poursuivre les barbares !

À ces mots, ses cheveux se dressèrent. — Mânes vengeurs, reprit-il hors de lui, Dieu conduisait mon bras ; je vous ai ravi le jour, mais existais-je encore