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rés quand il les verse après le combat, quand la pitié les lui arrache. Hélas ! je fus époux et père ! j’avais une patrie, et je suis errant loin de ses rives chéries ; je suis errant sur cette terre désolée que le fanatisme a baignée de mon sang, et où il m’a contraint de répandre le vôtre. J’ai tout perdu quand l’âge me rendait plus précieux encore les biens que le ciel m’avait accordés ; et je ne détesterais pas ce fanatisme cruel, auteur de tous mes maux ; et je ne chercherais pas à désarmer ses mains parricides ! Ah ! mes amis, ayez pitié d’un malheureux père, seul, au déclin de ses ans ; à côté de la tombe de son fils ; séparé de tous ceux qu’il aime, peut-être tous, hélas ! moissonnés par le temps et le malheur ! Mais, que dis-je ? je me plains, et je ne suis pas sûr qu’il ne me reste pas un cœur où je puisse déposer mes larmes. Combien d’infortunés n’ont pas même la douceur de l’incer-