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défaire à coups de dés), sans bonnet et sans chemise. L’Augustin serra le tout dans son sac, et quand Florestan partit, il lui donna sa bénédiction.

Il partit enfin ; il s’éloigna de Marseille à grands pas, et traversa la Provence et le Languedoc, en demandant l’hospitalité aux pauvres gens, les seuls qui la donnent de bon cœur. Il payait leurs services par le récit des exploits des Croisés, des miracles opérés sur le tombeau du Sauveur et de la malice des juifs et des infidèles. Il faisait des vœux en lui-même, il priait devant toutes les niches des saints, au pied de toutes les croix, et ses vœux et ses prières étaient tous inspirés par sa Gabrielle. À mesure qu’il se rapprochait d’elle, il sentait tout ce qui n’était pas elle s’effacer de sa mémoire ; son voyage ne lui paraissait qu’un rêve pénible ; et prêt à la revoir, il aurait cru ne l’avoir quittée que d’hier, si l’agitation de son cœur ne lui eût rap-