Page:Ricard Saint-Hilaire - Le Moine et le Philosophe, 1820, tome 3.djvu/196

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
( 192 )

Ces temps n’étaient point encore ; elle ne vit que la misère des peuples et l’insolence des seigneurs. Un jour, elle arriva dans le beau vallon que la Vidourle arrose, aux lieux mêmes couverts aujourd’hui par les hameaux de Cros. Elle s’arrêta sur les bords de la belle rivière ornement de ces lieux pittoresques : la limpidité de ses flots, son doux murmure, la beauté des gazons de ses rives toujours vertes, l’aspect imposant de ces arbres au vaste feuillage, où se marient l’éternelle fraîcheur du lierre, les pampres chargés de grappes vermeilles, la pomme aux couleurs mélangées, l’arbouse de pourpre, et la verte olive, l’avaient obligée à descendre de son coursier, et à redevenir amante au doux bruit des eaux, et des vents brisés par les branches des arbres de la prairie.

Elle oublia les combats et la gloire, ses projets et son cheval ; et tandis que le coursier, débarrassé du poids de son