Page:Ricard Saint-Hilaire - Le Moine et le Philosophe, 1820, tome 3.djvu/188

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
( 184 )

du galant chevalier ; elle écoutait ses vers sans les entendre, et les acceptait sans se les faire lire. Les coups de lance qu’il donnait ou recevait dans les tournois n’effleuraient point son cœur ; elle ne s’apercevait ni de sa gentillesse, ni de sa valeur, ni de sa bonne mine, ni de son grand cheval ; et cependant on était si peu fait à le voir échouer dans ses entreprises, que les dames l’accusèrent de discrétion pour la première fois de sa vie. D’abord il s’en défendit avec chaleur, insensiblement il laissa dire ; il finit peut-être même par se croire adoré, et mit sur le compte du défaut d’occasion ce que sa fausse expérience lui empêchait d’attribuer à la vertu, et son amour-propre à l’indifférence. Gabrielle même le confirma dans cette idée ; elle se plut enfin avec lui, l’écouta avec attention, se plaignit de son absence quand il laissait passer quelques jours sans la voir. Mais ce changement n’en était pas un ;