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Parmi les courtisans de Gabrielle, on distinguait un chevalier fameux par ses exploits avec les dames, et par de méchans vers admirés en sa présence, et déchirés ensuite, selon l’usage, par tous les amis. Les amans le craignaient, toutes les dames le désiraient ; il en avait soumis une multitude. La fidélité n’était point sa vertu : les délaissées le maudissaient et se consolaient, comme il arrive ; et celles qu’il n’avait point attaquées encore, loin de le fuir, allaient au-devant de lui : plus il était parjure, plus il paraissait aimable ; on aurait dit, au plaisir que les belles de ce temps éprouvaient quand un amant trahissait sa maîtresse, que leur ennemie personnelle venait d’être humiliée, et que sa chute était leur victoire. Honni soit qui mal y pense ! ayons toujours ces mots à la bouche quand il s’agit des dames. Elles jouissaient du malheur de la délaissée ; mais c’est qu’elles y voyaient la punition d’une honteuse