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bientôt connus, sa beauté les rendit célèbres : tant de constance et de fidélité surprirent nos bons aïeux. En amour, les absens avaient tort, même dans les siècles de la chevalerie ; il y avait alors, disent les médisans aujourd’hui, il y avait des perfides toujours prêts à brouiller les amans et à guerroyer contre la vertu des dames : on vit donc affluer dans le castel les gentils écuyers, les chevaliers vaillans et les gais troubadours ; pour elle on rompit des lances, on chanta des romances tendres, on composa des tensons et des sirventes. Alors la poésie languedocienne ou provençale était cultivée, et formait les modèles que l’Espagne et l’Italie devaient imiter un jour en les dépassant. Ceux auxquels la nature marâtre refusait le don assez commun de s’exprimer en rimes dans une langue remplie de voyelles, payaient, comme aujourd’hui, des versificateurs officieux, et chantaient les vers qu’ils avaient achetés.