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Pendant que Laurette habita près d’elle, l’absence lui parut moins pénible. La sœur lui fut d’autant plus chère, que le frère lui causait plus de douleur ; elle retrouvait en elle quelques-uns de ses traits chéris. Quand la maîtresse donnait à l’amie les tendres baisers qu’elle n’avait osé donner à l’amant, ils lui semblaient avoir toute la douceur qu’elle avait quelquefois rêvée ; car, ainsi que dans ses rêves, elle les donnait à Florestan. Laurette parlait de son frère avec enthousiasme ; son cœur se méprenait, elle disait de lui tout ce qu’en pensait une maîtresse, tout ce qu’elle-même eût souhaité dans un ami. Gabrielle attribuait à la seule amitié les inspirations d’une âme tendre, déjà tourmentée du besoin d’aimer ; et, touchée d’un sentiment si vif, elle s’imagina enfin n’aimer le frère qu’à cause de la sœur. Elle s’attacha à cette idée, parce qu’elle y trouvait le terme de son in-