Page:Ricard Saint-Hilaire - Le Moine et le Philosophe, 1820, tome 3.djvu/128

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
( 124 )

elle en frémit. Elle mangeait depuis long-temps le pain du vieillard, elle résolut de le sauver ; sa voix, lorsque les cris de vengeance eurent épouvanté les corbeaux et les vautours dont cette caverne immense, où les attirait l’odeur des morts et la certitude d’une horrible curée, était l’asile, fit entendre parmi les cris lugubres de ces animaux et le battement de leurs grandes ailes, ce cri menaçant : tremblez, scélérats, tremblez ! Elle voulut effrayer les conjurés, mais son effroi fut plus grand que le leur, au tumulte horrible que firent dans ces catacombes, jusque-là silencieuses, ces oiseaux de carnage ; elle crut, comme le moine, ouïr l’enfer déchaîné ; elle crut que les démons étaient venus, non pour les arrêter dans leur entreprise, mais pour les y seconder. Ses genoux tremblèrent, ses cheveux se dressèrent : elle se traîna jusqu’à l’issue de la caverne, où elle n’arriva qu’après les deux héros ;