Page:Ricard Saint-Hilaire - Le Moine et le Philosophe, 1820, tome 2.djvu/203

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
( 199 )

lyre, et le cœur froissé, l’esprit malade, je retournai dans la demeure de mes ancêtres, résolu de ne plus dire qu’à l’écho des bois solitaires mes chants de religion et d’amour, car eux seuls savaient me répondre.

Le prix de mes vers m’avait procuré les écrits des sages de la Grèce et de Rome ancienne. Je vécus avec eux au milieu de mes vassaux, ils m’apprenaient à les rendre heureux, et je croyais finir mes jours en paix avec mes livres et mes amis : hélas ! j’avais donné l’hospitalité à un saint homme, il ne demandait qu’une pierre pour appuyer ses genoux pendant la prière et reposer sa tête aux heures du sommeil ; je lui accordai un jardin et le lui fis cultiver par mes serviteurs. Dans ce jardin, je fis bâtir une maisonnette, le saint homme suspendit à l’entrée un cilice et un chapelet, annonce de sa vie dévote ; et moi, je l’entourai des longs bras de la vigne fertile,