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de ses fureurs. J’ordonnai qu’on respectât leurs jours ; mon intention était de remettre cette famille criminelle entre les mains du souverain. Je fis partir ce tyran féodal, ou lui ferma le passage ; j’accourus, et il fut massacré sous mes yeux, non-seulement lui, mais sa femme, ses serviteurs et sa famille. J’exposai vainement ma vie pour les défendre ; je fus blessé, renversé ; on prétendit même que je trahissais la cause des laboureurs, et qu’un noble ne pouvait être qu’un perfide.

Ainsi l’homme de toutes les classes est donc féroce dans sa force ! Irrité de l’injustice, l’opprimé, devenu vainqueur, est bientôt injuste lui-même. La victoire n’a pour résultat que de faire changer de mains la hache et la torche, et les vaincus sont toujours traités en criminels. Il en doit être ainsi jusqu’au moment où les hommes seront gouvernés par les lois, et où les grands con-