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bien que nous faisons aux hérétiques en les forçant d’entrer.

Le Croisé s’éloignait donc à grands pas. Sa sœur, tout en cherchant à le retenir par des cris, creusait dans le sable, avec ses faibles mains, une fosse pour son fils ; elle gémissait sur ce monceau de sable, comme s’il eût renfermé tout le bonheur de sa vie. Elle y plaça deux bâtons en croix, afin de reconnaître un jour le lieu qu’elle voulait arroser encore de ses larmes.

Ce devoir accompli, Laurette courut sur les traces de son frère ; bientôt le bruit lointain de la tartavelle avertit le Croisé de hâter encore ses pas ; il fuyait sans cesse, elle le poursuivait toujours. Après un assez long temps passé à ne pouvoir ni se perdre ni se joindre, ils arrivèrent presqu’au même moment auprès de la demeure du vieillard philosophe, où le bon moine, premier directeur de Laurette, était arrivé déjà, comme je l’ai dit.