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rent aux deux fugitifs le souper le plus succulent pour les encourager à persister dans la bonne voie. Ils soupèrent avec les vierges du Seigneur, chantèrent avec elles, s’enivrèrent comme elles, c’est-à-dire, chantèrent des cantiques sacrés, et s’enivrèrent de l’amour de Dieu. Cependant le banquet ou l’agape s’était prolongé bien avant dans la nuit, lorsque le renégat prit la parole en ces termes :

Vous êtes noires, mais vous êtes belles, ô nonnes d’Antioche ! comme le disait d’elle-même aux filles de Jérusalem, la maîtresse de Salomon, c’est-à-dire la sainte-mère Église[1]. J’attribue cette noirceur au soleil de Syrie ; mais à quoi puis-je attribuer l’oubli des saints pré-

  1. On sait que cette maîtresse est une figure qui représente l’Église, et que le Cantique des cantiques est une espèce d’épithalame en l’honneur du mariage de Jésus avec l’Église.