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pas le ciel où tu cours par la route la plus sûre, pour n’avoir pas su compâtir au malheur !

« — Rassure-toi, répondit-elle ; mon sort est affreux, mais il ne m’a point endurcie aux misères d’autrui ; n’es-tu pas mon frère en Jésus-Christ ! Te le dirai-je même, soit que la tendresse de mon cœur ou l’effet de cette maladie qui nous afflige du besoin d’aimer, et ajoute à nos tourmens celui de ne pouvoir plaire, me parle en ta faveur, soit que ta voix, quoiqu’embarrassée, me rappelle la douce voix d’un guerrier bien cher ; je me sens émue du plus vif intérêt ; je t’aime assez pour te fuir, dussé-je en perdre la vie, si tu courais des dangers près de moi. Le vent du désert ne soufflera point encore.

« — Je te crois, répliqua Florestan ; je ne puis démêler tes traits, mais cependant ils me rappellent une femme que j’aime, et ta voix, quoique pénible-