Page:Ricard Saint-Hilaire - Le Moine et le Philosophe, 1820, tome 2.djvu/140

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
( 136 )

reprenant sa forme naturelle, il laissa voir sa figure hideuse, sa gueule d’huguenot riant de l’une à l’autre oreille et vomissant des flammes, son nez crochu, ses cornes à moitié rôties, sa queue de singe avec laquelle il fouettait à la fois l’âne et le moine. À cet aspect, le théologien se signa, et dit à demi-mort : Vade retro Satanas ! Ô puissance des mots et des signes ! l’onagre arrêté dans sa course, frappa la terre, et s’abîma dans son sein, après avoir imprimé ses deux pieds de derrière sur la poitrine du moine, et l’avoir ainsi détaché de sa queue.

Un coup aussi violent lui fit perdre connaissance, il resta roide sur la route. Quand il eut repris ses sens, il se trouva sur une couche mollement arrangée, un vieillard lui tâtait le pouls : qu’aviez-vous donc fait, lui dit-il, à ce chevalier ? Ce chevalier, répondit-il, c’est Satan lui-même, qui veut m’empêcher d’établir mes sapeurs, dont la hache