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vents sifflaient, le tonnerre roulait, l’équipage blasphêmait. Laurette était en pleurs, et le moine attaché au mât du navire par la corde qui ceignait ses reins, priait ; il bravait les vagues, les vents et la foudre. Son chapelet dans ses mains, et le nom de Jehovah dans sa bouche, le mettaient à l’abri du naufrage. Ses yeux cherchaient à lire dans les cieux les moyens de salut. Tout-à-coup il eut une vision ; il vit dans l’espace comme une autre mer, un autre vaisseau battu par la tempête, suivi par une énorme baleine, et sur ce vaisseau des nautoniers jouant aux dez.

Il descendit alors dans l’intérieur du navire auprès des matelots désespérés. — Chrétiens, leur dit-il, il y a parmi vous un traître, un méchant, c’est-à-dire, un hérétique ou un philosophe. Je viens d’avoir une vision ; votre salut est attaché à sa perte. Qu’il périsse, s’écrièrent toutes les voix ! Nommez-le,