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tes connaissances, lui dit le moine ; tu n’as jamais lu les livres saints et tu as bien fait : c’est une mauvaise lecture ; mais moi, je les ai lus, et j’y ai vu que le peuple de Dieu, tout couvert de crimes, s’en déchargeait sur un bouc, le maudissait, et le chassait à coups de bâton dans les bois ; dès-lors Israël était sans tache, et le diable ne pouvait emporter qu’un vieux coquin de bouc. Je suis Israël, tu seras le mari de la chèvre ; le Père Éternel sera bien plus flatté du sacrifice d’un vilain que d’un bouc ; c’est-à-dire d’un animal raisonnable, mais auquel il est défendu de raisonner, et qui ne raisonne pas, plutôt que d’un animal dépourvu de raison. Le diable ne pourra t’emporter, car, au lieu de te maudire, tu expieras de suite mon péché, devenu le tien, et nous serons sauvés tous les deux ; après quoi je te bénirai et te donnerai l’absolution et la mule ; le tout, moyen-