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paraît trop fort), mérite une bête divine. La théologie m’enseigne le moyen de l’enlever à ce vilain, et de recevoir sur ses épaules la flagellation prescrite par l’abbé.

Vilain, dit-il au paysan, que ne te sers-tu d’une mule au lieu d’un âne ! c’est, répondit-il, que j’ai un âne et n’ai pas de mule ; eh bien ! reprit le moine, j’ai un péché de trop et une mule de reste ; veux-tu les échanger contre ton âne ? Il suffît que mon jeune frère soit à l’aise ; moi, j’ai force chapelles à visiter, madones à adorer, saints à prier, reliques à baiser ; d’ailleurs le trajet est court d’ici à la mer, et j’ai fait vœu de le parcourir à pied.

Le troc était bon ; le vilain ne se sentait pas de plaisir. Au lieu d’un péché, il en aurait accepté deux, mais il ne concevait pas comment il pourrait se charger du péché d’un autre. — Cela passe