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conseillé, mais il ne peut pécher seul. Après la vie, on mettrait vainement du vin dans la bouche du corps ; vainement on mettrait le corps dans le lit de l’adultère, il ne commettrait ni le péché d’ivrognerie ni le péché de luxure ; et l’âme, déjà séparée de la matière, resterait innocente. Il faut donc pour le péché le concours des deux natures ; la matière seule est impeccable, et l’âme ne péche que lorsqu’elle le veut bien ; toute-puissante sur elle-même, elle n’a pourtant aucun moyen de neutraliser l’action des corps sur les corps ; par exemple : elle ne peut faire qu’une ronce ne pique, ou que le vin de Chypre n’enivre. À plus forte raison, elle ne peut empêcher Satan et l’enfer de s’emparer de cette boue misérable : tout ce qu’elle peut, c’est de s’en aller quand Satan arrive, comme le compagnon de voyage qui se retire lorsque son ami reçoit mauvaise compagnie.

Eh bien ! ma sœur, faisons pour notre