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vos yeux, il a pénétré dans les miens ; par vos mains, il est entré dans les miennes ; par le son de votre voix, il s’est introduit dans mon oreille ; mon corps est comme un autre enfer, où il règne en despote ; il veut me perdre, et, pour y parvenir, me faire rompre mon vœu de chasteté. Non, ferais-je, ô pudique épouse de Joseph ! dont la vertu soutient aujourd’hui ma faiblesse ! ô esprit saint ! qui venez de m’inspirer, le moyen de ne pas faillir.

Le corps et l’âme sont deux êtres différens : l’un est de la boue, l’autre est le souffle divin. Le corps existait avant l’âme ; l’âme existe après le corps ; l’un peut être contraint, l’autre est toujours libre : donc, l’un peut être innocent du crime de l’autre ; ce sont deux compagnons de voyage ; ils marchent quelque temps ensemble sur la même route, mais chacun à sa manière. Le corps peut commettre un crime, quand l’âme l’a