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dans ses bras, Laurette ne sut pas le repousser ; il se crut dans le sérail, et ils tombèrent de l’état de grâce dans l’abîme de la réprobation et du péché.

Laurette, honteuse, remonta sur la mule, qui, pour cette fois, ne marcha ni trop ni trop peu. Le moine, à pied, cheminait sans sandales, sur les pierres aiguës, sur les ronces déchirantes, les yeux baissés et baignés de larmes, et comptant les grains de son chapelet. Il cherchait à expier sa faute par ses souffrances volontaires.

Après un long silence, Laurette osa tourner les yeux vers le vénérable Père, dont les sanglots avaient troublé sa rêverie. Ses larmes l’étonnèrent : elle éprouvait bien une certaine honte, mais elle était sans remords. Quoi ! mon frère lui dit-elle, vous pleurez ! vous pleurez, et vous êtes près de moi ! près de votre bonne sœur que vous menez à