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dont tous les habitans sont réformés ; tous, hormis une femme, jadis servante de ferme et sans fortune ; un agriculteur l’épousa, et ne l’inquiéta jamais sur sa religion. Elle était alors veuve ; sans égard pour la mémoire et les bienfaits de son époux, elle obséda son fils jusqu’à ce qu’elle lui eût fait renier la religion de son père ; elle le forma au catholicisme et à la délation ; elle lui inspirait la haine de ses frères. La nuit elle errait de hameau en hameau, de maison en maison pour épier les larmes, et courait à la ville les dénoncer aux Autrichiens, et au comité directeur ; présentant à ce dernier, en preuve de la pureté de sa foi, ses calomnies contre le prochain, et l’apostasie de son jeune fils.

Tel orthodoxe, quelques années auparavant, frappait avec amitié dans la main d’un hérétique, qui l’eût alors avec joie percé d’un glaive pris sur l’autel.