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tablement un moine. Il prenait la Bible et les prophètes pour règles de sa conduite ; c’était un saint. Il frémissait du sort de Laurette, abandonnée à la déraison d’une vieille folle, à l’inexpérience d’une nourrice, aux mauvais exemples de Gabrielle, ivre d’amour. Si, comme il le craignait, elle devenait amoureuse de quelque mondain, son âme était perdue à jamais. Le fils de Dieu défend d’aimer ; ses vicaires inventèrent les verroux et les grilles ; les vierges furent ainsi mises à l’abri de la chair et du malin ; et pourtant, comme il leur faut nécessairement un époux, à ce qu’elles disent ; un époux est la marotte des agnès et des prudes ; le doux Jésus devient le leur, dès qu’elles ont, de gré ou de force, renoncé à Satan et à ses œuvres.

Les moines, ayant déjà sauvé trois personnes de la famille, décidèrent de sauver aussi Laurette. Son voile était préparé, son directeur était désigné. Mais