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En conséquence, si d’un côté on les égorgeait, de l’autre on en faisait des chrétiens ; on vit les principaux fonctionnaires et habitans d’une grande ville tenir sur les fonts baptismaux quelques misérables de la lie de la populace que la crainte du poignard ou les tentations de la misère décidaient à changer de religion, et célébrer dans des orgies publiques le triomphe de Jehovah sur Baal. Les temples étaient fermés ou livrés aux flammes ; les livres saints, objets continuels de la haine des orthodoxes, étaient déchirés et foulés aux pieds ; on destituait les fonctionnaires hérétiques[1] ; quelques-uns changeaient

  1. On était souvent fort embarrassé pour les remplacer dans des cantons protestans. On y formait, en garde nationale, pour protéger la propriété, la basse canaille sans propriété. Dans un village, on épura la municipalité protestante, et on nomma maire ou adjoint, un galérien, seul ca-