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que celui qu’ils adoraient touchait à sa fin. Grâce à leurs prières ardentes, ils réussirent à éloigner tout danger imminent et à conserver cette vie, précieuse à l’univers. Ainsi il firent affirmer sous serment que rien au monde, ni la nature, ni les végétaux, les pierres, les élémens, les maladies, ni les bêtes féroces et venimeuses, enfin que rien ne songeait à lui faire du mal.

Rassurés sur tous les points, les dieux se divertissaient au contraire à provoquer le péril impuissant contre l’invulnérabilité de Balder ; leur amusement principal fut de tirer à la cible sur sa personne, et de faire de lui le point de mire de leurs jets de pierres. Les dieux s’enorgueillirent de le voir à l’abri de tout assaut. Rien n’était capable de le blesser, ce dont les dieux se réjouirent ; Loke seul s’irrita de la gloire de Balder. Il se déguisa en vieille femme et se rendit à Fensale, résidence de Frigg. À son arrivée, la déesse l’interrogea sur les nouvelles des dieux, et Loke lui raconta qu’ils s’amusaient à tirer à la cible, et que l’invulnérable Balder leur servait de but sans être jamais atteint. Frigg ne s’en étonna pas, car c’était à elle que la nature et toutes les choses de l’univers avaient prêté serment de ne jamais lui porter préjudice. « N’y a-t-il rien au monde qui