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supérieure ; il hurlait à faire horreur, l’écume qui lui sortait de la bouche, formait tout un ruisseau qu’on appelait Voen. Le loup restera ainsi jusqu’au crépuscule des dieux.[1] Mais les dieux pourquoi ne tuèrent-ils pas ce monstre ? Parce qu’ils estimaient la sainteté de leur résidence jusqu’à ne vouloir la souiller du sang impur du loup, en dépit des présages qui auguraient du malheur qu’ils essuieraient un jour de ce côté.


Il suffit d’entrevoir la pensée principale à travers le mythe compliqué. Le feu souterrain qu’enchaînent dans ses limites l’art et l’intelligence humaine, mais qui devient funeste et terrible dès le moment qu’il échappe à son gardien, telle est l’idée représentée par cette fiction. Le feu qui fond les métaux, qui réchauffe les entrailles de la terre pour en féconder le sein, ne tarde pas à être de la plus grande utilité pour l’homme, qui ne s’avise non plus de l’anéantir, mais qui se contente de le dompter et de le captiver, comme les dieux le firent autrefois du loup de Fenris.


  1. Intervalle transitoire d’une ère nouvelle.