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sans qu’il lui faille autre chose que l’aveu de sa faute, son repentir et l’absolution du prêtre pour être admis par celui-ci à la communion.

III

Il y a lieu de synthétiser toutes ces considérations fondées sur l’observation, pour donner des mystiques une classification vraiment satisfaisante.

Dans une première classe, on peut mettre ceux qui poursuivent le développement total de leur personnalité et l’union avec la suprême perfection. Ils savent que la complète béatitude sera la conséquence d’un entier perfectionnement, comme chacune des joies éprouvées fut celle d’un progrès intellectuel, esthétique ou moral. Et, pour le psychologue, l’union de l’âme avec Dieu, très rare et durant peu, sans laisser de souvenir, parce qu’il n’y a pas eu de conscience, est l’union de l’individu primitif avec son âme, débarrassée de tout élément étranger, agrandie et élevée à sa puissance la plus haute.

Cette première classe comprendra trois groupes : le premier voudra la réalisation complète de la personnalité humaine ; le deuxième la voudra aussi, mais s’attachera surtout à chercher, en fait, le Vrai, ou le Bien, ou le Beau ; le troisième suivra, de propos délibéré, une seule des trois voies indiquées par Plotin, estimant qu’il est plus aisé de la parcourir entièrement et d’arriver ainsi, par un côté tout au moins, plus près de la suprême perfection.

Chez tous ces mystiques, le perfectionnement individuel et l’union avec la souveraine perfection seront surtout l’œuvre des hommes qui, pour cette raison même, seront des représentants marquants de l’humanité, envisagée dans son évolution progressive à travers les siècles. Entre eux, on pourra établir des distinctions secondaires, en notant ce que sont le sens pratique et l’état organique. Mais des distractions, comme celles d’Ampère, des bizarreries, de l’inaptitude à certaines considérations ou besognes de la vie ordinaire, alors qu’on se réserve tout entier pour l’œuvre de haut perfectionnement, il ne faudra tenir compte qu’en passant, pour s’attacher à l’essentiel, c’est-à-dire à l’agrandissement de la personnalité humaine. Il en sera de même pour les phénomènes