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phénomènes tous de même nature, et tous soumis aux mêmes lois. La seule différence est que les relations des éléments extérieurs à U est relativement facile à établir, tandis que celles des éléments de U et surtout les rapports entre termes situés de part et d’autre de U conduisent à des problèmes extrêmement délicats, qui ne peuvent être résolus que lorsque la science des choses extérieures est déjà suffisamment avancée. Il faut faire une physique sans choses et greffer sur cette physique une psychologie sans âme (25). La seule idée de fonction suffit et permet d’éliminer les pseudo-problèmes de la matière et de l’esprit.

Expliquer l’intelligence, c’est montrer comment un certain nombre de processus associatifs sont devenus pour l’animal-homme un moyen de s’adapter à son milieu et de dominer les autres animaux. Topte chose (sauf le fait ultime que < : quelque chose apparaît ~) consiste en un système de réactions rigoureusement déterminées auxquelles on s’adapte en les prévoyant, en reconstituant d’avance,. par l’état antécédent, l’état conséquent. Cela est aussi nécessairement vrai au dedans de la limite U ou au travers de cette limite qu’au dehors d’elle. « La constatation d’une absence de règ !e n’est intéressante ni pratiquement ni scientifiquement. Le progrès et, la lumière ne se manifestent que dans la découverte d’une loi, pour des choses qu’auparavant on croyait dénuées de toute règle. » – < L’hypothèse d’une âme agissant librement et par la loi, sera toujours difficile à réfuter parce que l’expérience montrera toujours un reste de faits non expliqués. Mais l’âme libre envisagée comme hypothèse scientifique, et toutes les études faites dans ce sens, sont à mon avis des absurdités méthodologiques. "(41).

A la base de cette adaptation intellectuelle, dont le triomphe serait l’automatisme le plus parfait, se trouvent la mémoire, la reproduction et l’association. Après avoir été prise pour une loi comparable à celle de Newton, cette dernière est aujourd’hui décriée ; mais à tort on en sentira l’importance si l’on remarque que depuis le sauvage qui relève une piste jusqu’au savant qui poursuit la solution d’un problème, tous les êtres qui pensent ont pour caractère commun de compléter par leur intelligence des faits très partiellement observés. Aussi M. Mach en fait-il une étude détaillée et qui constitue un bon chapitre de psychologie classique (chap. III). Je passerai rapidement sur les deux suivants qui traitent le premier de l’activité, le second du progrès de la société humaine (il rappelle quelquefois le cinquième livre de Lucrèce) plus original est celui qui a pour titre « L’exubérance des idées x (dte Wucherung des Vorstellungslebens) il est consacré à cette propriété naturelle qu’ont nos représentations de foisonner, de s’organiser, de « penser pour nous comme disait 1. Chap. ;v Réflexe, instinct, volonté, n :0 !. Chap. v Le développement de l’individu dans la nature et la société.