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analyses. — manzoni. Essais de philosophie positive

Dr Romeo Manzoni.Essais de philosophie positive. Première partie : Le problème biologique et psychologique. Traduit de l’italien par Maurice Charcot. 1 vol. in-8 de 310 p., Paris, Schleicher.

Le livre de M. Manzoni se compose d’une série d’articles, qui s’enchaînent et se complètent, sur l’évolution de la vie, les origines de l’esprit, la théorie des vibrations conscientes dans la psychologie contemporaine, l’évolution individuelle de la psyché (la force individuelle de réaction sous ses divers aspects), le problème de la volonté et le problème de la liberté.

Le lecteur y trouvera une exposition claire d’idées souvent fort acceptables, un assez bon résumé d’une certaine forme de la pensée contemporaine, de l’évolutionnisme déterministe, associé à une conception de l’univers quelque peu finaliste, ce qui est d’ailleurs assez logique, car l’ « évolution » ne peut guère, quoiqu’on en ait dit, être comprise que comme un « progrès », M. Manzoni admet — un « sans idée préconçue de téléologisme, dit-il, comme une pure vérification de fait », que la loi régissant l’évolution « n’a pas pour but la simple et immédiate conservation de la vie matérielle, au moyen de la conservation de l’espèce, selon l’opinion générale des biologistes, mais bien l’ascension continue de la vie même vers une forme toujours plus élevée et toujours plus parfaite de la vie morale.... non pas la pensée pour la vie, mais la vie pour la pensée, et la pensée pour la forme la plus élevée du bien : telle nous apparaît la formule ultime de la loi de l’évolution ».

Aussi M. Manzoni, tout en admettant le conditionnement rigoureux des phénomènes psychiques par les faits physiologiques et les rapports étroits du mouvement et de la pensée, admet que, en fin de compte, le mouvement n’est qu’un moyen, la condition sine qua non... le moyen nécessaire pour réaliser cet ordre supérieur de phénomènes qu’est la vie de la pensée, tandis que la « pensée seulement se montre à nous comme ayant en elle-même une fin propre » — ce qui d’ailleurs aurait besoin d’une démonstration.

M. Manzoni est moniste. Pour lui la substance « n’est ni toute matière ni tout esprit »... « l’être, la substance unique c’est l’énergie potentielle de l’esprit aussi bien que de la matière, énergie soumise à la fois aux lois mécaniques et aux lois psychiques immanentes, celles-ci conditionnées par celles-là : les unes capables, grâce aux autres, de prendre conscience d’elles-mème de former ensemble le double aspect, subjectif et objectif, de la réalité universelle. Voilà le seul vrai monisme, absolu, intégral... »

Le livre de M. Mazoni ne nous offre pas de solutions très neuves des vieux problèmes, ni de nouvelles manières de les poser. Notons cependant que, contrairement à des tendances actuellement assez fortes, l’auteur est intellectualiste en morale. « Le meilleur moyen pour faire des hommes libres qui soient en même temps capables de la plus haute moralité, c’est de les instruire, c’est-à-dire de leur procurer la plus grande somme possible de connaissances vraies et bonnes, d’où