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LÉVY-BRUHL. LA MORALE ET LA SCIENCE DES MOEURS 31 sont accomplis pour des causes que l’ignorance seule pouvait croire saintes ou utiles ! De même que le progrès de l’intelligence a peu à peu conduit à dominer et à utiliser, dans une certaine mesure, les forces de la nature physique, dont les hommes furent longtemps les esclaves et les victimes, de même la science de la nature morale permettra sans doute d’alléger le poids des nécessités de la vie sociale, si cruellement lourdes pour ceux qui ne sont pas privilégiés. Cette analogie n’a rien de téméraire mais elle reste, jusqu’à présent, presque purement idéale. Il dépend des progrès de la science qu’elle devienne une réalité’.

LUCIEN LËVY-BRUHL.

. On n’a voulu considérer, dans cet article, et sans prétendre être complet, que les objections des critiques qui contestent le fond même de notre thèse, et qui défendent contre nous la forme traditionnelle de la spéculation morale. On n’a donc pas cru devoir discuter ici les théories propres à d’autres critiques, qui, comme M. Rauh, par exemple, se déclarent d’accord avec nous sur un certain nombre de points essentiels, et qui acceptent, du moins en gros, notre méthode, tout en croyant indispensable de la compléter par des recherches d’un caractère différent (l’expérience morale). C’est là une conception fort intéressante en soi, mais dont nous ne pouvions entreprendre ici l’examen.