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baptisée par Faraday du nom d’électron. Les électrons ne sont pas des ondes éthérées, ni des formes d’énergies, ce sont des particules substantielles, douées d’une inertie électrique. La masse d’un électron est, comparée à l’atome d’hydrogène, le plus petit des atomes chimiques, dans le rapport de 1 à 700, ou autrement dit l’électron est le 1/700 de l’atome d’hydrogène, sa vitesse est d’environ 2.106 centimètres par seconde, soit les 2/3 de la vitesse de la lumière. La théorie de l’électron répond admirablement et explique l’idée d’Ampère qui supposait que le magnétisme était dû à un courant électrique en rotation autour de chaque atome de fer. Comme nous l’avons déjà dit, et nous insistons particulièrement sur ce point, ces électrons sont doués d’inertie. Sir William Crookes dit à la fin de son merveilleux discours : « Ne voyons-nous pas sans cesse que nos recherches n’ont qu’une valeur provisoire ? Dans cent ans la science n’acquiescera-t-elle pas à la révolution de l’Univers matériel dans un essaim d’électrons se précipitant en foule. Cette propriété de la dissociation atomique semble être fatalement universelle et opère chaque fois que l’on brosse un morceau de verre avec de la soie ; elle agit dans le rayon de soleil et dans la goutte d’eau, dans l’éclair et dans la flamme, elle prévaut dans la chute d’eau, cascade ou cataracte, dans la tempête. Et quoique toute notre portée d’expérience humaine soit par trop faible pour fournir une parallaxe permettant de calculer la date de l’extinction de la matière, le protyle ou brouillard sans formes peut arriver un jour à reprendre le règne suprême, et alors l’aiguille des heures aura achevé une révolution sur le cadran de l’éternité ».

Nous avons vu maintenant tous les infiniment petits : d’abord, l’infiniment petit mathématique auquel tous les autres pourraient être rapportés, car il a pour limite suprême d’un côté zéro, le néant, de l’autre infini ; en est-il autrement des autres atomes.

L’infiniment petit mathématique peut donc être pris comme base théorique de tous les infiniment petits, car la science mathématique est une vue de l’esprit qui a pour but de nous faciliter la compréhension de l’infinité des phénomènes qui s’offrent à nos yeux.

Maintenant les trois autres sortes d’infiniment petits peuvent être rapportées à l’électron qui forme le protyle, le brouillard sans forme d’où tout sort et où tout rentre.

Nous voilà bien loin, ce nous semble, du Retour Éternel. Nous avons erré dans des chemins qui nous en ont éloignés de plus en plus. Mais sommes-nous vraiment si loin de notre question ? La doctrine du Retour, dont nous ne devons pas discuter la portée morale et sociologique, est inhérente à la conception moderne de la matière,