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REVUE GÉNÉRALE

LES RÉCENTS DICTIONNAIRES DE PHILOSOPHIE

E. Goblot, Le vocabulaire philosophique, un vol. in-18 jésus, xiii-409 pp., Armand Colin, 1901. — J.-M. Baldwin, Dictionary of philosophy and psychology, tome 1. xxiv-644 pp. in-4o carré, New-York et Londres, Macmillan et Co., 1901. Tome II, xv-392 pp., id., 1902. — F. Kirchner, Wörterbuch der philosophischen Grundbegriffe, 4e édition revue et corrigée par le Dr Carl Michaëlis, un vol. in-12, vi-587 pp., Leipzig, Dürr’sche Buchhandlung, 1903. — Vocabulaire technique et critique, publié par la Société française de philosophie, Fascicules 1 et 2, 85 pp. : 3 et 4, 52 pp. Bulletin de la Société de philosophie, Armand Colin, juillet et août 1902. juin et juillet 1903.

Les transformations secondaires de l’histoire des sciences ne montrent pas moins que les révolutions combien les mouvements de l’esprit se manifestent par courants généraux. Tout se passe comme si elles résultaient de poussées d’ensemble qui dépasseraient les individus. Il y a vingt ans, le dictionnaire ou le vocabulaire philosophique paraissaient une espèce éteinte. En Allemagne, il n’existait qu’une œuvre de ce genre, le Dictionnaire général des sciences philosophiques de Krug, en cinq volumes, qui datait de 1830 ; en France, nous n’en avions pas eu depuis l’Encyclopédie éclectique de Franck, dont le tome sixième et dernier avait paru en 1852. Une seconde édition, devenue nécessaire en 1875, témoignait bien que le public ne considérait pas ce genre d’ouvrage comme inutile ; mais malgré le désaccord choquant, ridicule par endroits, qui existait entre ce recueil et l’état contemporain de la philosophie, il ne se publiait rien qui pût le remplacer. Le petit Vocabulaire de philosophie positive du Dr Eugène Bourdet, qui parut à la même époque, n’est qu’un manuel très court et assez médiocre de comtisme orthodoxe ; ouvrage curieux d’ailleurs, qui se proposait de « combattre les doctrines contraires à l’esprit moderne », de rabattre « l’outrecuidance du clergé » et de substituer à l’influence du catholicisme, « qui n’a plus aucun moyen d’action avouable sur notre époque », une philosophie fondée sur la science sociale, adaptée à une civilisation industrielle et scientifique, et n’admettant d’autre conquête que celle de la nature. Mais, réduit à quelques définitions, consacré en grande partie à des notices biographiques sur les héros du calendrier positiviste, ce petit livre ne