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le schéma. A côté du développement de l’esprit sur un seul plan, en surface, il y a le mouvement de l’esprit qui va d’un plan à un autre plan, en profondeur. A côté du mécanisme de l’association, il y a le mécanisme de l’effort mental. Les forces qui travaillent dans les deux cas ne dînèrent pas simplement par l’intensité ; elles diffèrent par la direction. Quant à savoir comment elles travaillent, c’est une question qui n’est pas du ressort de la psychologie toute seule elle se rattache au problème général et métaphysique de la causalité. Nous ne pouvons trancher en quelques mots un aussi gros problème. Qu’il nous suffise de dire qu’entre l’impulsion et l’attraction, entre la « cause efficiente )) et la « cause finale », il y a, croyonsnous, quelque chose d’intermédiaire, une forme d’activité d’où les philosophes ont tiré par voie de dissociation, en passant aux deux limites opposées et extrêmes, l’idée de cause efficiente, d’une part, et celle de cause finale de l’autre. Cette activité, qui est la causalité réelle, consiste dans un passage graduel du moins réalisé au plus réalisé, de l’intensif à l’extensif, d’un état d’implication réciproque des parties à un état de juxtaposition de ces parties les unes aux autres, enfin du schéma à l’image. Or, l’effort intellectuel, tel que nous l’avons défini, n’est pas autre chose. En ce sens, il nous présenterait la relation causale à l’état pur. Mais là n’est pas la question qui nous a préoccupés dans toute cette étude. Notre objet a simplement été de montrer que la réduction de l’effort intellectuel à un jeu entre schémas et images est ce qu’il y a de plus conforme à l’observation intérieure, en même temps que ce qu’il y a de plus simple comme explication psychologique.

H. BERGSON.

de l’Institut.