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conscience, se plaçant au milieu et faisant une moyenne, érige le sentiment en état sMt gfene~s, intermédiaire entre la sensation et la représentation. Mais nous nous bornons à indiquer cette vue sans nous y arrêter. A vrai dire, le problème que nous posons ici ne peut être résolu d’une manière complète et définitive dans l’état actuel de la science psychologique.

Il nous reste, pour conclure, à montrer que cette conception de l’effort mental rend compte des principaux effets du travail intellectuel, et qu’elle est en même temps celle qui se rapproche le plus de la constatation pure et simple des faits, celle qui ressemble le moins à une ~ë’oWe.

Que l’effort augmente l’intensité de la représentation, c’est un point sur lequel on discute’ ; mais on s’accorde à reconnaître qu’il donne à la représentation une clarté et une distinction supérieures. Or, une représentation est d’autant plus claire qu’on y relève un plus grand nombre de détails, et elle est d’autant plus distincte qu’on l’isole et qu’on la différencie mieux de toutes les autres. Mais si l’effort mental consiste en une série d’actions et de réactions entre un schéma et des images, on comprend que ce mouvement intérieur aboutisse d’une part à mieux isoler la représentation, et d’autre part à l’étoffer davantage. La représentation s’isole de toutes les autres, parce que le schéma organisateur rejette les images qui ne sont pas capables de le dévolopper, et confère ainsi une individualité réelle au contenu actuel de la conscience. Et, d’autre part, elle se remplit d’un nombre croissant de détails, parce que le développement du schéma se fait par l’absorption de tous les souvenirs et de toutes les images que ce schéma peut s’assimiler. Ainsi, dans cet effort intellectuel relativement simple qu’est l’attention donnée à une perception, il semble bien, comme nous le disions, que la perception brute commence par suggérer une hypothèse destinée à l’interpréter, et que ce schéma attire alors à lui des souvenirs multiples qu’il essaie de faire coïncider avec telles ou telles parties de la perception elle-même. La perception s’enrichira de tous les détails évoqués par la mémoire des images, tandis qu’elle se distinguera des autres par l’étiquette simple que le schéma aura commencé, en quelque sorte, par coller sur elle.

On a dit que l’attention était un état de mono’idéisme Et on a fait 1. Voir, à ce sujet, James, P ?’ !? :c ;/)/M o/’Psyc/to<og" vol. I, p. 42S. Cf. en particulier Fechner, Revision d< ?r MaMp~M ?tA<e der P~cAop/tystA’, Leipzig, 1882, p. 26’J et suiv.

. Ribot, Psychologie de fa«eM< :o ?<, Paris, F. Alcan, 1889, p. 6.