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d’un effort intellectuel. Le sentiment de Fe~o~ d’intellection se produit toM/om’s sur le trajet du schéma a l’image. Resterait à vérifier cette loi sur les formes les plus hautes de l’effort intellectuel je veux parler de l’effort d’invention. Comme Fa fait remarquer M. Ribot, tout effort pour créer imaginativement e.st un effort pour résoudre un problème Or, comment résoudre un problème autrement qu’en le supposant d’abord résolu ? On se représente, dit M. Ribot, un idéal, c’est-à-dire un certain effet obtenu, et on tâche de composer entre eux les moyens par lesquels l’effet s’obtiendrait. On se transporte d’un bond-au résultat final, à la fin qu’il s’agit de réaliser tout l’effort d’invention est alors un travail pour combler l’intervalle par-dessus lequel on a sauté, et arriver de nouveau à cette même fin en suivant cette fois le fil continu des moyens qui la réaliseraient. Mais comment apercevoir ici la fin sans les moyens, le tout sans les parties ? Ce ne peut être sous forme d’image, puisqu’une image qui nous ferait voir l’effet s’accomplissant nous montrerait, intérieurs à cette image même, j.es moyens par lesquels l’effet s’accomplit. Force nous est donc bien d’admettre que le tout nous est présenté sous forme de schéma, et que le travail d’invention consiste précisément à convertir le schéma en image.

L’inventeur qui se propose de construire une certaine machine se représente le travail qu’il veut obtenir. La forme abstraite de ce travail évoque successivement dans son esprit, à force de tâtonnements et d’expériences, la forme concrète des divers mouvements qui réaliseraient le mouvement total, puis la forme des pièces et.des combinaisons de pièces capables de donner ces mouvements partiels. A ce moment précis l’invention a pris corps la représentation schématique est devenue une représentation imagée. L’écrivain qui fait un roman, l’auteur dramatique qui crée des personnages et des situations, le musicien qui compose une symphonie et le poète qui compose une ode, tous ont d’abord dans l’esprit quelque chose de simple, de général, d’abstrait. C’est, pour le musicien ou le poète, une impression qu’il s’agit de dérouler en sons ou en images. C’est, pour le romancier ou le dramaturge, une thèse à développer en événements, un sentiment général, un milieu social, quelque chose d’abstrait enfin à matérialiser en personnages vivants. On travaille sur un schéma du tout, et le résultat n’est obtenu que lorsqu’on est arrivé à une image distincte des parties. M. Paulhan I. Ribot, Z/tma~ :? :a<MM ! c ?’ea<M, Paris, F. Alcan, 1900, p. 130.