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qui se coordonnent d’eux-mêmes à une première perception plus ou moins confuse. Mais il ne semble pas qu’il y ait jamais attention volontaire sans une « préperception », comme disait Lewes c’està-dire sans une représentation qui est tantôt une image anticipée, tantôt quelque chose de plus abstrait, une hypothèse relative à la signification de ce qu’on va percevoir et à la relation probable de cette perception avec d’autres fragments de l’expérience passée. On a discuté sur le sens véritable des oscillations de l’attention. Les uns attribuent au phénomène une origine centrale2, les autres une origine périphérique~ Mais, même si l’on n’accepte pas la thèse de N. Lange tout entière, il semble bien qu’il faille en retenir quelque chose et admettre que l’attention ne va pas sans une certaine projection excentrique d’images qui descendent vers la perception. On s’expliquerait ainsi l’effet de l’attention, qui est soit d’intensifier l’image, comme le soutiennent certains auteurs, soit au moins de la rendre plus claire et plus distincte. Comprendrait-on I’ew !eMssetKeMt graduel de la perception par l’attention si l’on ne voyait pas ici dans la perception brute un simple moyen de suggestion, un appel lancé surtout à la mémoire ? La perception brute de certaines parties suggère une représentation schématique de l’ensemble des parties, et des relations des parties entre elles. Développant ce schéma en images-souvenirs, nous cherchons à faire coïncider ces images-souvenirs avec les images perçues. Si nous n’y arrivons pas, c’est à une autre représentation schématique que nous nous transportons. Et toujours la partie positive, utile, de ce travail consiste à marcher de la représentation schématique à l’image perçue. L’eSbrt intellectuel pour interpréter, comprendre, faire attention, est donc un mouvement du « schéma dynamique » dans la direction de l’image qui le développe. C’est une transformation continue de relations abstraites, suggérées par les objets perçus, en images concrètes, capables de recouvrir ces objets. Sans doute le sentiment de l’effort ne se produit pas toujours dans cette opération. On verra tout à l’heure quelle est la condition particulière que ce travail doit remplir pour que l’effort s’y joigne. Mais c’est seulement au cours d’une opération de ce genre que nous pouvons avoir conscience 1. Lewes. ProMem. ? o/ J~e f<H~ Mind, Londres, 1819, t. IH, p. 106. 2. X. Lange, Beitr. zur Theorie der sinntichen Aufmerksamkeit, l’hilos. S~M~te ?:, vol. VII.

. Mimsterberg, Be/ zur experimentelten P~/c/to/o~ :?, Ueft 2, 1889. 4. Cf. Pace, ZMr ft’M~e der Schwankungen der ~tM/mo’/MNUH/e :’< (PA<7fM..S<Meh~n, vol. VIII, 1893) ; Eckener, ô’f&o’ (lie Sc/<tfa ?<~M ?ts’eH der ~M/aMM~ mzni’Ma~e)’ ~et’~ (ibid., )893).